Cité par Lionel Jospin, dans un article publié dans la dernière livraison de la revue Le Débat, la répartition des transactions interbancaires globales en 2005 résume la logique de la dérive financière en cours.
L'économie réelle, assise sur les échanges de biens et de services, ne représente que 2% des créances en circulation. A peine moins que les transactions boursières proprement dites. Face à cela, la bulle spéculative de quelques 2000 téra-dollars soit 96% des transactions, a continué à enfler jusqu'au collapsus de l'automne 2008.
À partir de cet agrégat, l'auteur resitue les données fondamentales de la crise financière et dégage les leçons de son déclenchement.
Dans un premier temps, la libération des taux de change après la suspension des parités fixes entre monnaies et sa conséquence, la création de produits financiers, ont permis aux entreprises
exportatrices de s'assurer contre les variations du prix des monnaies.
Puis, dans les années 80, les variations de taux d'intérêt consécutifs à la fin de l'encadrement du crédit ont conduit les opérateurs financiers à recourir aux mêmes expédients : la création de produits dérivés. Lesquels sont vite devenus les supports de nouvelles transactions spéculatives.
Un commentateur anonyme, cité par Philippe Meyer dans son émission L'esprit public, résume parfaitement cette logique irresponsable de la globalisation financière : "C'est quand la Caisse du Crédit agricole de Privat prête de l'argent à des constructeurs de maisons dans les quartiers de Los Angeles où la police ne rentre pas!"
Référence : "La crise financière : retour au réel" - Le Débat N°153 (janvier-février 2009)